Christophe Lenoble

Contact

 

081 Tunisia

"D'une certaine façon, cela est très douloureux. Quand nous commençons à voir les choses sans aucun jugement de valeur, au sens ordinaire, sans aucun parti pris à notre endroit ou envers les autres, c'est alors que notre vision, notre logique et notre acuité peuvent devenir très pénibles. Il n'existe plus aucun filtre entre nous et « ça », on touche à une pierre très froide. La réalité devient un emmerdement total. Pour décrire cette façon de voir, on utilise parfois l'image suivante : un matin d'hiver, alors que vous léchez une pierre recouverte de givre, votre langue reste collée à la pierre parce qu'elle est très nue et chaude tandis que la pierre est glacée. Vous croyez la lécher, mais en réalité votre langue est coincée." Chôgyam Trungpa



080 Rome

"The best reason to paint is that there is no reason to paint... I'd like to pretend that I've never seen anything, never read anything, never heard anything... and then make something... Every time I make something I think about the people who are going to see it and every time I see something, I think about the person who made it... Nothing is important... so everything is important." Keith Haring



079 Tunisia

Retour de Tunisie. Les plaines y sont couvertes de champs d'oliviers, entourés de haies de figuiers de Barbarie. Les cactus, dont certains sont aussi grands que des arbres, portent les fruits flasques d'une société de consommation embryonnaire. Des sacs multicolores les étouffent avec ce léger bruit de grésil caractéristique du plastique emporté par les courants ascendants. Ainsi, la campagne tunisienne ressemble à une gigantesque installation d'art contemporain... Sans conscience. Dommage, ce pourrait être très dépaysant comme bocage, mais quoi de plus commun à nos sociétés que le sac de supermarché égrenant sa prière publicitaire à tous vents?



078 Paris

Réveillé aux aurores par des rafales de marteau-piqueur. Dans le chantier en bas de l'immeuble, une pelle mécanique rouge brise le goudron de la route. A midi, pendant la pause déjeuner des ouvriers, je m'empresse d'aller faire les quelques clichés ci dessus. J'ai de la chance, le soleil se voile pendant quelques minutes et le chef de chantier a le dos tourné. Une demi-heure plus tard, un camion bleu, suivi d'un camion jaune se garent près du chantier et embarquent tous les gravats. Demain une nouvelle chape de goudron recouvrira le trou et il ne restera plus rien de cette demi-heure pendant laquelle le chaos s'est emparé la chaussée...



077 LeVigan

"Celui qui n'a pas le temps est déjà mort" Proverbe Berbère



076 Montpellier

Aujourd'hui, petite visite à Gosti, dans son atelier de Pantin. Juste avant de partir il me montre la pièce dans laquelle il dégrossit ses blocs de granit. Les étagères sont encombrées de chutes de pierres enfouies sous une épaisse couche de poussière. Les parois de verre sont mitraillées de percussions d'éclats de marbres. Bel endroit, aussi étroit et aussi émouvant que l'atelier de Francis Bacon. J'y aurais bien pris des clichés pour une de mes pièces, pas eu le temps... Va falloir que j'y retourne.

Il m'a montré ses agendas de travail. Chaque jour le dessin d'un nouveau projet. Ça m'a fait plaisir de voir ça. Et aussi toutes les sculptures qu'il cache sous des tissus afin que les marchands ne soient pas tentés de les lui embarquer. Ce sont les siennes, celles qu'il garde pour lui... Les plus réussies!



075 Ile Barbe

"Le silence ne porte pas comme la parole la trace de nos défauts, de nos grimaces, il est pur, il est vraiment une atmosphère." Marcel Proust



074 Paris Chantier du tramway

Je viens de finir "Hummocks" de Jean Malaurie. Ce bouquin raconte l'histoire contemporaine des Inuits. Tout ça est terriblement déprimant et relativement agaçant. Comme à mon habitude, je survole les annexes. Ouais, ça va, je me suis déjà tapé tout le bouquin, je vais pas en plus me farcir les annexes!!! Mais, je tombe sur le nom suivant : Glenn Gould. Tiens! Que vient faire Glenn Gould dans cette affligeante histoire? Non... pas le livre qui est passionnant, mais l'histoire elle même avec un grand H.

En 1972, on a envoyé dans l'espace la sonde Pioneer 10, avec à son bord une plaquette sur laquelle figure un enregistrement de Bach par Glenn Gould. Au cas où quelque forme de vie, puisse la récupérer dans quelques milliers d'années, avoir inventé le tourne disque 33 tours et avoir la bonne idée d'organiser une petite sauterie autour de la galette. Voilà, on sait jamais. Bien entendu le coût de l'opération est prohibitif, ça va de soit.

Dans le même temps, Glenn, fait part de son désir d'aller jouer du Bach sur la banquise pendant la nuit polaire et simultanément les Inuits expriment la volonté qu'à la place des missionnaires, on leur envoie des artistes, ou même un seul pourvu qu'il soit inspiré.

Imaginez une minute ce que cela aurait pu amener à tous et à chacun. Un grand piano noir, sur la banquise éclairée par la lune. Un petit bonhomme s'avance, s'assoit et entame une fugue de Bach. Au loin des Inuits entendent, se lèvent et s'approchent. Une meute de loups répond aux accords des cordes...

Pas mal, hein? Ben oui, mais personne n'a pu ou voulu financer le concert... A la place on a une caisse en fer qui va probablement s'écraser sur une météorite ou au mieux atterrir entre les mains d'un chaman extraterrestre qui va s'empresser d'en faire la pièce maîtresse d'une nouvelle mais néanmoins fumeuse religion...



073 Paris Maison de la radio

"Ces taches ont été obtenues par le procédé qu'on emploie pour le badigeonnage des granits de fontaine, à la va comme je te pousse. Le papier peint à l'état embryonnaire est encore plus fait que cette marine là." Louis Leroy

Louis Leroy était un critique d'art de l'époque. Il à écrit où dit cette phrase à propos de la toile de Monet : Impression Soleil Levant. L'ensemble de ses collègues était bien entendu au même diapason. C'est de cette critique avisée que vient le mot "impressionnisme".

Heureusement pour nous, nos critiques et commissaires contemporains ont une sorte de science infuse doublée d'une solide formation universitaire qui les empêchent de commettre de tel impairs. Elle est pas belle la vie?

Ah oui, heu... Un type qui s'occupe d'organiser une exposition ça s'appelle un "commissaire" maintenant. Au moins voilà une profession qui ne s'avance pas masquée... Et puis, heu... J'ai été interpellé dans la sus dite phrase par "badigeonnage de granits de fontaine". C'est quoi ce mépris pour les gars qui peignent du faux marbre? 

<<<                      >>>